L'obole de la veuve : une critique de l'exploitation religieuse

Nous pensons à la dernière semaine avant la crucifixion du Christ. Jésus a choqué les gens ordinaires en s'opposant aux docteurs de la loi et en les condamnant. Il apprécie la sincérité du cœur et ne supporte pas l'hypocrisie qu'il voit chez les dirigeants qui sont censés être un exemple pour le troupeau de Dieu. Il décide de les avertir du châtiment qui les attend :

⁴⁵Alors que tout le peuple écoutait, Jésus dit à ses disciples : ⁴⁶« Méfiez-vous des docteurs de la loi. Ils aiment se promener dans des robes flottantes, être salués sur les places publiques, occuper les sièges d'honneur dans les synagogues et les places d'honneur dans les banquets. ⁴⁷Ils dévorent les maisons des veuves et font de longues prières pour se donner en spectacle. Ces hommes-là seront punis très sévèrement » (Luc 20:45-47).

Les docteurs de la loi se considéraient comme les meilleurs exemples de ceux qui avaient le plus de chances d'entrer dans le royaume des cieux, mais Jésus les avertit des graves conséquences qui les attendaient. Au lieu de faire preuve de bonté envers les pauvres et de prêter au Seigneur (Proverbes 19:17), ces chefs religieux volaient les plus vulnérables de la société, les veuves (v. 47). Malheureusement, les traducteurs ont inséré une coupure de chapitre au milieu des paroles de Luc, séparant l'offrande de la veuve du contexte de la condamnation des docteurs de la loi par Jésus. L'évangéliste Marc, cependant, combine les deux passages (Marc 12:38-44) car ils doivent être lus comme un tout. Nous poursuivrons avec les réflexions de Luc dans le chapitre suivant :

¹Jésus leva les yeux et vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le trésor du temple. ²Il vit aussi une pauvre veuve qui y mettait deux petites pièces de cuivre. ³« Je vous le dis en vérité, dit-il, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. ⁴Tous ces gens ont donné de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle avait pour vivre » (Luc 21, 1-4).

Selon vous, pourquoi cette femme a-t-elle donné tout ce qu'elle avait pour vivre ? Il y a deux façons d'interpréter ce passage. Nous en examinerons une aujourd'hui et l'autre demain.

1) Ce passage de l'Écriture se situe au milieu du jugement de Jésus contre un système religieux corrompu. Juste après avoir mentionné la pauvre veuve, Jésus a de nouveau prédit le jugement contre le temple et la corruption qui y régnait. Peut-être cette veuve était-elle l'une de celles dont la maison avait été « dévorée » par les chefs religieux (Luc 20:47). Cela nous montre comment les gens se sacrifiaient pour un système religieux qui était loin du cœur de Dieu. À l'époque du Christ, une veuve n'était pas prise en charge par les services sociaux. Sans mari, elle n'avait ni pension, ni revenu, ni moyen de subsistance visible, et pourtant, nous la voyons ici donner sa seule source de revenus.

Certains pourraient y voir une belle image d'un cœur généreux. Mais cette histoire peut aussi être vue sous un autre angle, celui d'un système corrompu qui manipule ceux qui, à un moment vulnérable de leur vie, sont exploités plutôt que pris en charge dans leur vieillesse. Dieu honore certainement un cœur généreux et ceux qui lui donnent avec foi, mais cela ne signifie pas qu'il était satisfait du système religieux corrompu. Cela attriste le cœur de Dieu de voir des gens manipulés et culpabilisés pour qu'ils donnent ce qu'ils ne peuvent pas se permettre. Tout cela pour enrichir un système religieux qui ne reflète pas le cœur du Père, mais qui victimise les pauvres et les veuves.

Tout comme à l'époque de Jésus, certaines personnes trouvent aujourd'hui des moyens d'exploiter les personnes âgées. Les personnes âgées peuvent être considérées comme des « proies faciles » et peuvent être trompées en donnant tout ce qu'elles ont économisé sous la fausse croyance que c'est la volonté de Dieu. Dieu aime particulièrement les veuves et les orphelins et jugera sévèrement ceux qui les oppriment (Malachie 3:5). La religion peut être un outil facile à utiliser pour les personnes sans scrupules qui exploitent la crainte de Dieu et la culpabilité pour manipuler les autres et les pousser à donner. Vous avez probablement déjà vu cela dans les médias et les émissions religieuses à la télévision aujourd'hui.

Il est troublant de voir des gens utiliser la Parole de Dieu de cette manière, pour exploiter les autres au profit des chefs religieux. Il y a quelque temps, le magazine Christianity Today a rapporté le cas d'un évangéliste célèbre qui avait envoyé une lettre de sollicitation à un individu, l'avertissant que s'il ne contribuait pas à son ministère, Satan lui infligerait « de mauvaises choses » et il « regretterait d'être né ». À l'inverse, s'il répondait par un don en argent, il pouvait s'attendre à des miracles et à des guérisons, et ses finances seraient rétablies. Rappelez-vous les paroles de Jésus à ceux qui dévoraient les maisons des veuves : « Ces hommes-là seront punis plus sévèrement » (Luc 20:47). Keith Thomas.

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